SUR LE POINT..

« Alassane Ouattara se sent blessé, insulté, son aura au plan international et même national déconstruite », par Fernand Dédeh


Abidjan, 25-10-2020 (lepointsur.com) À Barthelemy Zouzoua Inabo : #Electiontour Campagne au ralenti en Côte d’Ivoire mais le candidat du RHDP est très présent dans la presse française. Signe patent que celui qui veut gagner une élection à Abidjan doit convaincre l’opinion de Paris. Il est très offensif. Face à lui, dans la bataille de l’opinion en Occident, Soro Guillaume. L’ancien président de l’Assemblée nationale, est la véritable inconnue dans l’équation Alassane Ouattara. « Il m’a lancé un défi. Je vais le relever ». Ce pays-ci, pour parler comme nos parents camerounais…

Offensive médiatique de grande envergure du candidat Alassane Ouattara dans la presse française. Il explique et réexplique les raisons qui l’ont fondé à revenir sur sa parole de ne pas se présenter pour le troisième mandat à la tête du pays, il donne les vraies raisons du déverrouillage de limite d’âge pour les candidats et l’abandon du contrôle de santé. « La limite d’âge empêchait Henri Konan Bédié et Guillaume Soro d’être candidats. La troisième, c’était la visite médicale qui aurait pu empêcher Laurent Gbagbo qui a des problèmes de santé ».

ADO distribue les points

Puis il distribue les bonnes et mauvaises notes. Concernant Laurent Gbagbo, « il va rentrer, il n’y a aucun problème. Mais je ne compte pas l’amnistier. Mais je compte prendre une décision qui va faciliter son retour ». pour Henri Konan Bédié, « lui, ne se mouille pas. Il reste dans sa chambre et distribue de l’argent… ». Il met une couche supplémentaire sur ses relations avec le président du PDCI-RDA : « Le ministre des Affaires étrangères m’a informé que le président Bédié souhaitait me rencontrer le plus tôt possible dans un lieu neutre. Je lui ai dit j’y étais disposé. Mais lui, apparemment ne l’est plus » (Journal du dimanche à paraître ce 25 octobre 2020).

Il est très remonté contre celui qui fut son premier ministre puis président de l’Assemblée nationale, Soro Guillaume. Là, il prend le costume du Procureur de la République. « Lui, il va aller en prison. Les faits qui lui sont reprochés sont très graves ». La sentence est connue d’avance : « prison à perpétuité ».

Amour-propre

Le président Felix Houphouet-Boigny disait que les problèmes les plus difficiles à régler sont ceux relatifs à l’amour-propre. Trop d’amour propre, d’orgueil blessé, d’égos surdimensionnés dans les relations entre les hommes politiques ivoiriens. Alassane Ouattara se sent blessé, insulté, son aura au plan international et même national déconstruite. Il répète à ses interlocuteurs, « avoir pris une décision difficile dans l’intérêt du pays » mais il en profite pour griffer ses adversaires. « Si je n’avais pas été candidat, le RHDP explosait et Henri Konan Bédié aurait élu. Lui et son discours sur l’Ivoirité ».

“ La preuve que les problèmes qui ont divisé la Côte d’Ivoire depuis le décès du premier président de la Côte d’Ivoire moderne sont intacts. Ils n’ont jamais été réglés.’’

La phobie de l’Ivoirité.

Le concept de l’Ivoirité a divisé les Ivoiriens et reste toujours un épouvantail pour beaucoup d’ivoiriens. Pour les partisans du président, l’Ivoirité était un concept culturel qui définissait la manière de vivre et la manière d’être de l’Ivoirien. Pour ses détracteurs, l’Ivoirité catégorisait les Ivoiriens, entre ceux considérés de souche et ceux qui ont acquis la nationalité d’une manière ou d’une autre.

La volonté du pouvoir du président Henri Konan Bédié d’écarter l’ancien premier ministre du président Houphouet-Boigny de la course au pouvoir, a réveillé le monstre endormi dans un pays qui compte au moins 26 % d’étrangers et qui pour beaucoup, sont intégrés à la communauté nationale. Alassane Ouatrara en visite dans le Hambol, au mois de novembre 2019, au stade de Katiola, jetant un regard dans le rétroviseur, avait déclaré : ‘’je suis un Ouattara. Ma dignité a été bafouée. Mais tout ça, c’est du passé’’.

Aujourd’hui encore, prononcer le mot Ivoirité dresse les cheveux. Et Alassane Ouattara se veut un rempart contre ce concept. La preuve que les problèmes qui ont divisé la Côte d’Ivoire depuis le décès du premier président de la Côte d’Ivoire moderne sont intacts. Ils n’ont jamais été réglés.

Soro Guillaume persiste et signe

Le président de Génération des peuples solidaires, GPS a vivement réagi aux accusations et menaces du président ivoirien depuis son exil parisien : « Moi le petit opposant je l’ai vaincu à l’international, ce sur les plans judiciaires, diplomatiques et politiques », avant de répéter qu’il n’y aura pas d’élection le 31 octobre 2020.

La question que tous les Ivoiriens qui prennent d’assaut les supermarchés pour faire des provisions posent invariablement : « sur quoi est assis l’ancien président de l’assemblée nationale » ? Question sans réponse pour l’instant.

Campagne au ralenti

Le parti au pouvoir observe le deuil. La campagne électorale est suspendue dans son aspect festif jusqu’au lundi 26 octobre 2020. Sur le terrain, le choc ressenti par les militants est tel que tout s’est arrêté. Pas du côté du candidat Kouadio Konan Bertin. Il était en meeting ce samedi 24 octobre à Beoumi. Et du Centre de la Côte d’ivoire, KKB a tenu à rassurer le président sortant en cas de défaite. Et cette phrase, « il ne faut pas avoir peur. Vous allez être en Côte d’Ivoire comme un ancien président. Vous ne serez pas inquiété. Vous aurez une vie normale ».

Encadré/Événements de Dabou : 15 morts et des zones d’ombre

Le gouvernement a rendu publics, les premiers éléments de l’enquête sur les douloureux événements qui se sont déroulés à Dabou, du lundi 19 au mercredi 21 octobre 2020. Trois jours de sang et de destruction de biens.

– 15 décès ;

– 67 blessés ;

– 03 maisons d’habitation et 01 ferme avicole incendiées ;

– 10 véhicules de transport en commun incendiés ;

– Plusieurs biens emportés dans le village de Agneby et Kpass ;

– 52 individus interpellés ;

– 12 fusils calibre 12 et 70 machettes saisis.

“Un notable du village de Kpass, interrogé par la presse nationale, révèle que les assaillants qui ont tué et détruit les personnes dans son village « étaient escortés par la gendarmerie nationale »’’

Selon le gouvernement, « les premières investigations ont révélé que ces actes ont été suscités, avec la présence d’individus non résidents dans la localité qui ont indistinctement porté atteinte à l’intégrité physique et aux biens des membres des deux communautés en ayant pour sombre dessein de créer un conflit intercommunautaire ».

Le président de la République, Alassane Ouattara est encore plus frontal, dans les colonnes du Journal du Dimanche en France : « Des miliciens ont été mobilisés par Guillaume Soro pour créer le désordre et montrer que la Côte d’Ivoire est à feu et à sang ».

Des zones d’ombre persistent cependant. Un notable du village de Kpass, interrogé par la presse nationale, révèle que les assaillants qui ont tué et détruit les personnes dans son village « étaient escortés par la gendarmerie nationale ». La vidéo à visage découvert de ce notable existe et nous sommes toujours dans l’attente de la réaction du corps d’élite des forces de défense et de sécurité nationale sur cette question précise. Dabou n’a peut-être pas encore tous ses dessous…

Un rayon de soleil dans la grisaille. La dédicace du recueil de nouvelles de l’auteure ivoirienne Mantin de Polourou, à Brazzaville. « Merci de m’avoir quittée ». Ancienne journaliste à l’hebdomadaire Top Visages, aujourd’hui enseignante à l’école française de Brazzaville, elle fait ses premiers pas en tant qu’écrivaine. « La dédicace était très bien grâce à Dieu… », dit celle que j’appelle « Ma Secrétaire générale de rédaction, œil d’Aigle ». Elle ne laisse passer aucune faute dans un texte. Une squatteuse au feutre rouge. Je reviendrai sur le recueil de nouvelles.

Par Fernand Dédeh

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