Politique

[Alassane comme Houphouët-Boigny] La réincarnation (Par Hervé Akaché)


Le discours du 6 août 2018, du Président Alassane Ouattara restera gravé dans la mémoire collective

Pour ceux qui avaient des doutes  sur sa capacité à être un savant  homme politique, subtile et fin stratège, le chef de l’État Alassane Ouattara vient de montrer une nouvelle dimension de sa personnalité. Dans ses habits de chef. Seul maître à bord. Je me suis laissé tenter par l’envie de  » cerner ce nouvel homme politique  » en parcourant et écoutant ses discours. J’ai apprécié et découvert un homme politique. Pas une bête. A l’Assemblée constitutive du parti unifié et avant ça,  le congrès du RDR, j’ai compris que l’économiste avait fait sa mue. Intelligent et fin tacticien. Le président a senti très tôt le poids de sa responsabilité depuis la mort de celui qu’il a toujours considéré comme son père. Son mentor et son inspirateur : Félix Houphouët-Boigny. Une  responsabilité assumée dans tout le sens du mot. Et c’est ce qui fonde principalement sa démarche aujourd’hui. Au palais des sports de Treichville, puis à l’ivoire, il a parlé avec son cœur.  A l’hôtel ivoire et au  congrès du Rdr à Treichville, en  choisissant de s’adresser publiquement et directement au président  Bédié, il voulait exprimer son amour sincère et absolu et son respect à un aîné.  Cet amour qu’on vit  souvent à l’adolescence. Cet amour  candide  que même des années de séparation  ne peuvent détruire. Celui qui peut pousser deux êtres à se remettre ensemble en oubliant  les torts réciproques.  En rappelant certains aspects de leur intimité, terrés dans les chambres du golf hôtel durant la crise post électorale, le chef de l’État avait à cœur de garder vivant des souvenirs douloureux communs avec son aîné et de montrer que leur destin était de rester ensemble. Agacé et parfois irrité qu’on le campe dans un rôle de  confiscation de pouvoir pour ensuite le donner comme un héritage patrimonial à un fils préféré, le chef de l’État a libéré les esprits et les ambitions. Après 8 ans de cogestion réelle avec son aîné, il a compris, qu’il sera seul comptable de son pouvoir. Désormais, il se pose en maître. Seul chef à bord. Ferme et décidé à assumer sa tâche.  Il a aussi compris qu’à l’impression d’agitation que peut avoir le peuple, il faut vite substituer l’action.

Le chef est dans ses nouveaux habits avec toutes les cartes en main. Maniant avec une formidable subtilité tactique, la carotte et la chicote. Et c’est la qu’on découvre l’homme politique.  Que certains le trouvent brutal,  maitre chanteur ou agressif avec son allié du PDCI, d’autres, comme moi, découvrent un stratège, qui avançait en toute conscience. La stratégie du chaos contrôlé en politique a ceci de caractéristique, qu’il  laisse croire   au peuple que le chef qui conduit les hommes ne maitrise plus rien. Que tout lui échappe. Qu’il est débordé. Ou même, qu’un pré carré de fidèles le prend en otage. En politique comme à la guerre on ne peut mener efficacement une bataille sans connaitre  ses vrais alliés, ses hommes, ses fidèles. Depuis plusieurs années le chef de l’État a appris à débusquer  et identifier  ses adversaires (interne comme externe) en les contraignant à se révéler par des signaux et des schémas, au point où certains ont ouvertement  mis à jour leur hostilité. Magnifique jeu de polarité. Il s’ouvre désormais devant lui un horizon de clarté.  Il en a tiré certainement sa propre conclusion.  A l’égard de certains , il n’est pas naïf, il n’y aura aucun compromis. A ceux la, le gigantesque défilé militaire qui a eu lieu le jour d’indépendance leur ai spécialement dédié.  Pour d’autres, particulièrement, son aîné, le président Bédié, il n’ira pas sabre au clair. il gardera le contact et privilégiera le dialogue. C’est ce qu’il a appris du père, du mentor, Houphouët-Boigny, dont il est devenu par son discours du 6 août celui qui incarne le mieux aujourd’hui son idéologie. Il sait  que Bédié  joue la tactique de celui   que 2020 n’intéresse pas plus que ça. Il faut le convaincre de passer la main aux jeunes. Pour réussir, le président Alassane Ouattara qui affectionne la pratique positive des grands hommes politiques de ce monde qui ont marqué leur temps, mise sur sa capacité de dissuasion. Elle est faite de réalisme et de confrontation directe, dans le respect des opinions et des ambitions. En France Chirac, Mitterrand, Sarkozy et Macron l’ont éprouvé. En Allemagne, le docteur en chimie quantique Angela Kasner connue sous le nom d’Angela Merkel en a fait une arme redoutable dans son ascension politique. Elle la tient de Kohl, son mentor. On peut croire que le chef de l’État est obstiné dans sa volonté de créer un parti qui rassemble  les fils d’Houphouët. Mais pour lui, les choses sont claires. La politique en Cote d’Ivoire doit avoir le mérite d’une pratique saine, vertueuse et inclusive pour le bonheur des ivoiriens dans la paix.  (Le concept du plus méritant d’entre nous tous)

Alassane Ouattara retrouve la confiance des Ivoiriens

Parlant de l’une des causes de la mésaventure  présidentielle de  Hollande  en France,  les célèbres journalistes Gérard Davet et Fabrice Lhomme ont écrit « A trop vouloir rassurer, il a créé une forme de quiétude émolliente, peu compatible avec l’attente et l’impatience qu’il a suscité pendant sa campagne présidentielle. Le moteur gouvernemental tourne à vide. Son refus de dramatiser la situation, son incapacité à enflammer les consciences donnent le sentiment d’un président dépassé par les événements, inexpressif gestionnaire d’une crise dont on ne voit pas la fin. Il ne peut que décevoir ».  Alassane a choisi son personnage, habité par l’esprit du père. Sa réincarnation, certainement. Cette fois ci, il jouera  son propre rôle sans être doublé.  Son discours apporte une réponse à tous. A l’UE et autres devenus subitement porte flambeau des critiques. Sur le point important de la réconciliation, la libération des prisonniers de la crise post électorale a ravi tout les ivoiriens et le monde. Un coup de maitre. Il rase l’herbe sous le pied de nombreux pseudos réconciliateurs intéressés qui s’échinent depuis plusieurs mois à porter exclusivement ce chantier. Finement, et c’est là, qu’apparaît le geste technique,  il reconstitue le mobile qui a motivé les enfants du père fondateur à créer le RHDP à Paris en 2004. Sûr qu’il est que la sortie de Simone Gbagbo et des autres ne profitera guère à Affi, le modéré mais plutôt au camp des extrémistes dirigé par Sangaré. Il reste à espérer que son aîné prête attention à la manœuvre.

Pour conclure, il faut savoir que  des années de fortes tensions politiques, Alassane Ouattara a connu et appris les petits arrangements, les compromis, les doubles jeux et l’art de tracer son chemin avec une intime et profonde conviction. Ne pas l’intégrer c’est se tromper lourdement sur cet homme qui sait ce qu’il veut pour la Cote d’Ivoire.

Vive la Cote d’Ivoire.

Allons seulement.

Hervé Akaché

Journaliste.
Master en Sciences  de l’Information et de la Communication
Certificat en Communication Publique, politique et Institutionnelle 

(Communication de Crise, Média Training, Lobbying et Communication d’Influence, ENA. Paris).

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