Point Sur

AFFAIRE PETROCI : LES NON-DITS


10 millions de francs CFA le mois pour des Conseillers

L’application d’un audit qui dérange

Quand des agents veulent boycotter l’autorité de leur direction

Créée en 1975, la Société Nationale d’Opérations Pétrolières (PETROCI) constitue la clé de voûte du développement de l’industrie pétrolière en Côte d’Ivoire. A ce titre, elle entend contribuer à l’émergence de la Côte d’Ivoire à l’horizon 2020.

LES RAISONS PROFONDES DU LICENCIEMENT

En effet, au sortir de la crise postélectorale, c’est d’une société très affaiblie et endettée qu’héritent les nouvelles autorités ivoiriennes. Dans leur volonté de la remettre à flot, deux audits relatifs au Plan Stratégique de l’entreprise sont alors commandés auprès respectivement des cabinets 2AC et Mc KINSEY. Conséquence tirée  de leurs conclusions, le Conseil d’administration autorise le Directeur Général d’alors à réaliser un autre audit dénommé « Audit organisationnel et social ».

L’objectif principal recherché est de faire l’évaluation du personnel sur une base documentaire et/ou au moyen d’entretiens individuels. Cet autre audit devait également permettre d’examiner l’adéquation du personnel avec les postes, d’évaluer lesdits postes à partir de fiches de postes exhaustifs et d’ateliers. En décembre 2014, cette tâche est confiée au cabinet DRH Conseil, sélectionné après un appel d’offres. Seize semaines durant, le cabinet mènera ses activités en toute indépendance. Ses conclusions sont implacables.

L’étude de DRH Conseil révélera que la PETROCI est en sureffectifs, notamment à la Direction des Ressources Humaines et au Département de la Communication et du Protocole, deux directions qui ne sont pas au cœur du métier de la société. Elles totalisaient plus d’une cinquantaine d’agents. Mieux, le rapport de DRH Conseil indique que la grande majorité des agents de ces deux directions ont un faible potentiel professionnel. Aussi, recommande-t-il le départ des agents à faible potentiel professionnel. Ceux à « potentiel moyen », il est précisé leur redéploiement, leur formation et le cas échéant, le départ pour certains.

Par ailleurs, la conjoncture actuelle sur le marché du pétrole, met la PETROCI face à ses dettes importantes (contractées avant avril 2011), des obligations d’appels de fonds non satisfaites, une forte baisse due à la chute du cours du pétrole et un exercice 2015 enregistrant une perte d’environ 24,8 milliards de francs CFA.

UN REDRESSEMENT QUI S’IMPOSE

Des Conseillers et coordinateurs licenciés surpayés : 10 millions par mois

En vue de garantir la pérennité de la PETROCI et lui permettre de remplir les missions qui lui sont assignées, la nouvelle direction a entrepris de mettre en œuvre les conclusions et recommandations les plus urgentes de l’audit de DRH Conseil et bâtir un budget 2016 plus réaliste, basé sur le prix actuel du baril qui est d’environ 30 dollars US. Il faut noter que le prix baril continue de chuter  et tourne autour de 28 dollars à l’heure où nous rédigeons ce papier.

Ainsi, le vendredi 8 janvier 2016, il fut procédé à la suppression de 10 postes de Conseillers et de Coordonnateurs auprès du Directeur Général. Le salaire de certains avoisinant 10 millions de francs CFA par mois. L’existence desdites fonctions constituait en réalité des doublons structurels de certaines directions ou départements. Notons pour exemple que le Conseiller Finance et Comptabilité   était le doublon du Directeur financier et comptable. De même que le Conseiller Technique gaz naturel était le doublon  des Directeurs de l’exploration et de la production. Soulignons enfin que les Directeurs de l’Informatique, du Laboratoire et des Ressources Humaines avaient aussi leurs  Conseillers.

Dans la foulée, le mardi 12 janvier 2016, une notification de licenciement a été faite à 40 agents, classés par l’audit comme à « faible potentiel » et ne montrant pas de capacité à tenir leurs postes de manière satisfaisante. Par ces mesures, la nouvelle Direction de PETROCI entend redonner un second souffle à l’entreprise.  Le choix du licenciement pour motif économique confère au salarié licencié le bénéfice d’un acquis de priorité de réembauche durant un délai de deux ans. Aussi en cas de retour à meilleure  fortune dans ce délai, ils pourront être réembauchés par la société selon leur profil suivi du renforcement de leur capacité.

Ephraïm Aboubacar

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