Affaire Gayet-Hollande : Sarkozy savait avant la parution dans Closer
L’ex-chef de l’Etat se serait plaint de la clémence de la presse envers Hollande, rapporte le livre « Sarko s’est tuer ». On y apprend également que Fillon aurait demandé à l’Elysée d’empêcher son retour dans l’arène politique.
Après »Sarko m’a tuer », « Sarko s’est tuer ». Dans le premier ouvrage, les enquêteurs du Monde Gérard Davet et Fabrice Lhomme donnaient la parole à 27 victimes du système Sarkozy, des personnalités politiques, parmi lesquelles Christine Boutin, Dominique de Villepin et Aurélie Filippetti, mais aussi des préfets, des responsables de la police et des magistrats qui ont fait les frais de menaces ou de représailles de la part de l’ancien président de la République.
Dans le second, dont les bonnes feuilles sont publiées dans l’Obs publié jeudi , les grands reporters du Monde décrivent l’autre face de ce système et dépeignent un ancien chef de l’Etat provocateur et activiste qui s’enfonce au fil de ses déboires judiciaires.
Nicolas Sarkozy aurait ainsi été mis en garde par son expert-comptable contre le risque d’un dépassement de budget lors de la campagne de 2012, révèlent ainsi les auteurs. « L’expert donne le chiffre des dépenses prévisionnelles ou engagées à la date du premier tour: 18 399 000 euros», écrivent les deux journalistes, qui citent une note adressée à Nicolas Sarkozy le 26 avril 2012 et saisie par les enquêteurs lors des perquisitions. «Ce montant est supérieur à celui budgété dernièrement (16 243 000 euros) et au plafond des dépenses requises pour le premier tour (16 851 000 euros)», explique l’expert-comptable dans sa note.
« Paul Bismuth » découvert à cause de Cécilia Attias
Quant à l’affaire « Paul Bismuth », ce nom de code adopté par Sarkozy pour échapper aux écoutes téléphoniques, ce serait en raison d’un coup de fil passé à son ancienne épouse Cécilia Attias que le pot aux roses a été découvert. « C’est l’imprudence de Nicolas Sarkozy qui va trahir les deux hommes», racontent les deux journalistes. «En effet, si Me Herzog, comme convenu entre eux, se servait du ‘Bismuth’ uniquement pour appeler son client, Nicolas Sarkozy, pour sa part, l’utilisait aussi pour certaines conversations privées.»
« Sarko s’est tuer » dépeint aussi un Sarkozy observateur, scrutant son prédécesseur François Hollande. Il aurait ainsi été au courant de l’affaire Gayet-Hollande au moins deux mois avant selon les auteurs, qui se basent sur une entrevue avec l’ancien président le 18 novembre 2013 dans ses bureaux de la Rue de Miromesnil (Paris VIIIe). Lors de cette rencontre, ce dernier se serait plaint que la presse soit «tellement sympa avec Hollande». «Vous vous rappelez les rumeurs de Benjamin Biolay et Carla, ou Chantal Jouanno et moi? Tout ce qui a été écrit? Et lui, Hollande, qui sort trois fois par semaine de l’Elysée en scooter pour aller voir sa bonne amie… Que font les journalistes? Rien, bien sûr», aurait lâché Nicolas Sarkozy.
Fillon demande à l’Elysée de « taper » sur Sarkozy
Les journalistes racontent encore comment son ancien Premier Ministre François Fillon a tenté d’empêcher son retour. Une anecdote révélée par l’Obs qui remonte au 24 juin 2014. En pleine affaire Bygmalion, François Fillon invite à déjeuner Jean-Pierre Jouyet, secrétaire général de l’Elysée, qu’il a connu lorsque celui-ci était secrétaire d’Etat aux Affaires européennes dans son gouvernement de mai 2007 à décembre 2008.
Il lui demande alors de donner un coup d’accélérateur aux procédures judiciaires à l’encontre de Nicolas Sarkozy. « Mais tapez vite, tapez vite ! Jean-Pierre, tu as bien conscience que si vous ne tapez pas vite, vous allez le laisser revenir. Alors agissez ! », s’enflamme François Fillon. Des faits confirmés par l’Elysée aux journalistes du Monde mais le Palais assure n’avoir « évidemment » pas exécuté la demande de l’ex Premier Ministre.
Ce dernier se serait montré particulièrement sévère vis à vis des agissements de Nicolas Sarkozy quant au financement de sa campagne en 2012. « C’est de l’abus de bien social. C’est une faute personnelle, l’UMP n’avait pas à payer », déclare-t-il lors de ce même déjeuner à Jean-Pierre Jouyet.
La guerre entre les deux hommes est bel et bien relancée. Selon le livre « Ca reste entre nous, hein ? » dans lequel les journalistes du « Parisien » Nathalie Schuck et Frédéric Gerschel rapportent des propos « off » de Nicolas Sarkozy, celui-ci aurait qualifié son ancien bras droit de « loser » . Des propos auxquels François Fillon affirme ne pas croire.
Source: lesechos.fr