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Adama Dahico : « Les preuves contre Laurent Gbagbo sont insuffisantes pour faire un procès »


006062014172025000000ADahico2Le célèbre humoriste ivoirien Adama Dahico présente vendredi soir son nouveau spectacle, “Adama Dahico, du CP1 à la CPI”, au festival Ciné droit libre à Ouagadougou.

Humoriste et comédien, l’Ivoirien Adama Dahico avait défrayé la chronique en se présentant à l’élection présidentielle de 2010 en Côte d’Ivoire. Désormais surnommé “Prési” partout où il passe en Afrique de l’Ouest, il présente ce vendredi 6 juin son nouveau spectacle, “Adama Dahico, du CP1 à la CPI”, au festival Ciné droit libre de Ouagadougou.

Actualité politique bouillonnante au Burkina, réconciliation nationale en Côte d’Ivoire, procès de Laurent Gbagbo (dont il est un partisan)

Vous pouvez m’appeler président Adama Dahico, en toute modestie. Je suis comédien et humoriste, mais j’ai aussi été candidat à la dernière présidentielle ivoirienne. Je suis donc homme politique mais pas politicien.

Pourquoi avoir baptisé votre nouveau spectacle « Adama Dahico, du CP1 à la CPI » ?

Le CP1, c’est le cours préparatoire de première année. La CPI, c’est la Cour pénale internationale, mais pas uniquement. Le spectacle raconte comment je suis passé du CP1 à « Candidat à la Présidentielle Ivoirienne », « Comédien Politique avec les Ivoiriens » ou encore « Comédien Professionnel International ». Je peux encore donner tout un tas de définition de “CPI” : la « Cour aux Preuves Insuffisantes », « Comprimé Périmé Inbuvable », « Compaoré est un Président Intègre », etc.

Nous sommes au pays des hommes intègres, donc le premier d’entre eux devrait être leur président.

Je ne veux pas parler à la place des Burkinabè et dire “il faut faire ou ne pas faire” ce référendum. Je suis légaliste et je respecte les lois. S’il y a une loi qui permet à Blaise Compaoré d’organiser un référendum et qu’il est ensuite légalement autorisé à se représenter, pourquoi pas…

Ce sont les Burkinabè qui prendront leurs responsabilités au moment voulu.

Cela dépend de lui… Honnêtement, je ne peux pas prendre position dans la situation actuelle. Ce sont les Burkinabè qui prendront leurs responsabilités au moment voulu. Ils lui ont permis d’être président. Ce sont aussi eux qui diront s’il doit quitter le pouvoir.

Avant, les hommes politiques dictaient la conduite à tenir. Mais aujourd’hui, la population est capable d’analyser la situation du pays. Je pense particulièrement à la jeunesse burkinabè, qui est vigilante et dotée d’une forte conscience politique.

Nous sommes dans un festival qui promeut la liberté d’expression.

La presse écrite fonctionne bien. Il y a aussi beaucoup de radios libres et de chaînes de télévision privées. Regardez le festival Ciné droit libre. On y projette des films pour “conscientiser”, pour amener les uns et les autres à avoir un minimum de regard critique sur la société. Tout n’est pas parfait mais il faut encourager cette tendance.

La liberté d’expression ivoirienne a pris un petit coup avec la crise post-électorale. Dès qu’un journal publie certaines informations, il peut être sanctionné et interdit de publication pendant plusieurs jours ou plusieurs semaines. Il y aussi des journalistes en prison.

En 2010, vous avez été candidat à la présidence ivoirienne. Vous avez terminé à la onzième place…

C’est parce que je n’ai pas voulu faire trop de vagues. [Il sourit]. Mais selon certaines indiscrétions crédibles, j’étais entre 6e et 7e.

Même si je réside à Abidjan, je fais plus de spectacles à l’étranger qu’en Côte d’Ivoire.

Au deuxième tour, vous aviez pris position en faveur de Laurent Gbagbo. Est-ce que cela vous porte préjudice aujourd’hui

Tout engagement comporte des avantages et des inconvénients. Si Laurent Gbagbo avait été élu, à l’heure actuelle, je ne serais pas en train de vous parler mais peut-être dans un bureau spacieux du palais présidentiel ! Peut-être ministre même ! Mais malheureusement, Ouattara est président, et comme tout artiste qui s’engage dans le jeu électoral, je dois en assumer les conséquences. Je n’étais plus bienvenu dans les émissions de télévision. Lorsque j’étais inscrit à un événement, il y avait des coups de fil qui venaient de partout pour que les organisateurs suppriment mon intervention. Heureusement, je peux m’exprimer partout ailleurs en Afrique. Aujourd’hui, même si je réside à Abidjan, je fais plus de spectacles à l’étranger qu’en Côte d’Ivoire.

Reconnaissez-vous la victoire d’Alassane Ouattara à la dernière élection présidentielle ?

Comme je vous l’ai dit, je suis légaliste. Ouattara a été proclamé président par la Commission électorale indépendante. Cette commission a donné des résultats qui ont été certifiés par la communauté internationale et l’ONU. De son côté, le Conseil constitutionnel a donné Laurent Gbagbo vainqueur. Dans notre pays, c’est le Conseil constitutionnel qui donne le résultat définitif d’une élection. La suite, vous la connaissez.

Etait-ce une bonne chose que Laurent Gbagbo soit transféré à la Cour pénale internationale (CPI) ?

Ma réponse va vous étonner : c’est une bonne chose. Parce que, contrairement à ce que la majorité des gens pensent, la CPI n’est pas un endroit où l’on va pour être condamné, c’est un endroit où la vérité éclate et d’où l’on peut sortir innocenté.

S’il était remis en liberté, Laurent Gbagbo devrait-il rentrer en Côte d’Ivoire ?

S’il n’y a pas de charges retenues contre lui, il serait normal qu’il revienne en Côte d’Ivoire. C’est son pays. Mais pour des raisons de paix sociale, il serait plus judicieux qu’il aille d’abord ailleurs, le temps pour lui de préparer son message et son retour. S’il rentre en Côte d’Ivoire, il faut que cela se fasse dans le calme et dans la dignité pour ne pas troubler l’ordre public.

Où en est la réconciliation nationale en Côte d’Ivoire ?

Le président Ouattara a fait preuve de bonne volonté sur ce sujet. Son slogan était même « Vivre ensemble ». Mais il faut que cela se traduise par des faits. Pour de nombreux Ivoiriens, tant que Laurent Gbagbo sera détenu à la CPI ou qu’il y aura encore des partisans de l’ancien président en prison, il n’y aura pas de réconciliation.

Allez-vous vous représenter en 2015 ?

Je ne serai pas candidat mais directement président

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