Abdul Aziz Ben Fahd, le prince braqué à Paris est un amateur des «plaisirs de la vie»
L’attaque du convoi de ce dignitaire intervient alors que son oncle, le ministre de la Défense saoudien, doit venir en France le 1er septembre.
L’audacieux braquage qui a visé dimanche soir un convoi saoudien porte de la Chapelle à Paris intervient alors que François Hollande et une délégation de chefs d’entreprise s’apprêtent à recevoir le 1er septembre son altesse le prince héritier Salmane Ben Abdel Aziz al-Saoud, influent ministre de la Défense. Le hasard de calendrier est d’autant plus fâcheux que la victime de l’attaque n’est autre que son neveu et fils «favori» du défunt roi Fahd d’Arabie saoudite.
Volontiers présenté comme un noceur traînant derrière lui une réputation de playboy et de bon vivant, Abdel Aziz Ben Fahd était arrivé à Paris dans le cadre d’une virée européenne commencée depuis la fin du ramadan et devant se poursuivre à Ibiza. Pour son confort, il était établi avec toute sa suite au George V, sur les Champs-Élysées, un palace appartenant au groupe Kingdom Holding du milliardaire saoudien al-Walid Ben Talal.
Âgé de 41 ans, il avait été nommé en mai 1998 ministre d’État sans portefeuille et promu chef du bureau du Conseil des ministres en janvier 2000 alors qu’il n’avait que 26 ans. Limogé en avril dernier, perdant son poste de ministre d’État, cet homme d’affaires avisé est aussi associé à son oncle maternel, Walid al-Ibrahim, patron du groupe audiovisuel MBC, qui possède notamment la chaîne d’informations en continu al-Arabiya, concurrente d’al-Jazeera du Qatar. «Depuis la fin prématurée de sa carrière politique, ce prince a décidé de goûter aux plaisirs de la vie», assure un observateur avisé.
Une partie du personnel de l’hôtel devrait rapidement être entendue
Richissime organisateur de courses de chameaux en Arabie saoudite, possédant notamment un superyacht et ayant équipé un Boeing 777 pour ses propres besoins, ce dignitaire roulait en Range Rover en or et en Bugatti Veyron à deux millions d’euros. Il était, semble-t-il, déjà à l’aéroport du Bourget au moment de l’attaque du monospace Mercedes Viano de location abritant le chauffeur, un intendant, un officier de sécurité et une valise renfermant 250.000 euros en petites coupures. Signe de l’extrême richesse du prince, «la délégation semblait plus embêtée par les médicaments du prince qui se trouvaient dans la voiture» que par les 250.000 euros volés, a assuré une source policière.
Les médicaments ont finalement été retrouvés. À la recherche de ceux qui ont renseigné le commando, la brigade de répression du banditisme (BRB) devrait entendre rapidement «une partie» du personnel de l’hôtel George V, mais aussi «très probablement des personnels de l’ambassade d’Arabie saoudite, des chauffeurs, des portiers». Les documents volés n’auraient pour leur part aucune valeur diplomatique ou stratégique.
De notre correspondante Maty Gauthier Fanny.