8 ans après le déversement des déchets toxiques/ Le Colonel Tibé Bi Balou (Ex-DG des Affaires maritimes et portuaires) porte plainte contre Trafigura
- « Je n’étais plus en fonction quand le drame est survenu »
- Ses vérités à Claude Dauphin (Dg de Trafigura)
- Comment il a vécu avec lui à la Maca
- « Il y a un Dieu pour les sans défense »
- Le Colonel Tibé Bi Balou solidaire des victimes
L’affaire des déchets toxiques, l’on s’en souvient, a éclaboussé plusieurs personnes dont le Colonel Jean-Christophe Tibé Bi Balou, qui, au temps des faits, était Directeur des Affaires maritimes et portuaires. Les enquêtes qui ont été diligentées par la Justice ont débouché sur un non-lieu, en ce qui le concerne.
Mais l’acquittement n’a pas donné lieu à sa réhabilitation administrative. Huit (8) ans après le déversement de ces déchets toxiques, l’ex-Directeur général des Affaires maritimes a adressé un courrier au Directeur général du Groupe Trafigura, Claude Dauphin, dont nous avons reçu copie. En accord avec ses Conseils, il va bientôt déposer une plainte contre l’affréteur du bateau Probo Koala. L’on se souvient également, que l’Etat ivoirien s’était constitué partie civile et a assigné la société Trafigura en justice pour un dédommagement. 100 milliards ont donc été dégagés par ladite société qui, de son fait, a fait plusieurs victimes dont la santé a été très affectée. Ces milliards qui devaient servir à l’indemnisation font depuis, l’objet de tractations et de magouilles, et des victimes n’ont, à ce jour, pas encore reçu l’argent qui leur est dû. Et les autorités observent un mutisme qui met mal à l’aise. Les démarches effectuées à la justice par les victimes, en vue d’un soulagement à leur état physiologique, physique et moral, ne bénéficient d’aucun appui notable par le Gouvernement. Il y a aussi que la dépollution des sites répertoriés, qui devait accompagner le dédommagement, n’a pas été effectuée dans son entièreté. Et plus désolant, Trafigura a payé pour sa non comparution devant la justice.
L’Etat ivoirien, après des enquêtes qui ont situé les responsabilités, n’a pas été tendre dans les sanctions. D’innocentes personnes ont vu leur carrière détruites. Des victimes garderont des séquelles à vie, les insignifiantes indemnisations ne leur ayant pas permis de recevoir des soins appropriés. D’autres sont mortes dans le silence.
Les vérités du Colonel à Claude Dauphin, DG de Trafigura
« J’occupais jusqu’au 04 août 2006, les fonctions de Dg des Affaires maritimes et portuaires (Dgamp) au sein du ministère des Transports en Côte d’Ivoire. Et mon limogeage s’est opéré dans des conditions bizarres avec l’utilisation excessive et déraisonnée des forces de l’ordre, sans qu’aucune autorité ne lève le petit doigt, même pour m’écouter. Alors, lorsque deux (2) semaines après, soit le 19 août 2006, le Probo Koala accostait au Port autonome d’Abidjan (Paa) pour déverser son contenu toxique, j’ai tout compris, surtout l’acharnement de tout un Gouvernement contre ma petite personne. Il fallait me dégager par tous les moyens, avant l’arrivée de ce navire. Toute autre raison n’est que pur divertissement. Vous même, ne trouvez-vous pas la coïncidence assez étrange ?
Suite à cette sombre affaire, vous et moi y compris d’autres biens sûrs, nous avons été incarcérés à la Maca. Souvenirs douloureux et humiliants à vite balayer de sa mémoire!!!
Toutefois, je n’ai pas eu la même chance que vous, puisque la procédure judiciaire a continué avec moi pour aboutir à un Procès en Cour d’assises en 2009.
Laquelle Cour a prononcé mon acquittement, pour absence de preuves de mon implication dans ce drame et qui plus est, je n’étais plus en fonction quand le drame est survenu. Comme quoi, il y a aussi un Dieu pour les sans défense.
Dans ces conditions, la logique aurait voulu que l’Etat ivoirien me réhabilite. Mais non, mon cas n’est pas une priorité pour eux, occupés à gérer l’argent des indemnisations versées par Trafigura.
Le calvaire d’une innocente victime
Et depuis 8 ans, et à 57 ans, je suis au chômage, moi la victime innocente qui paie injustement à la place des vrais commanditaires et bénéficiaires tapis dans l’ombre épaisse d’un affairisme répugnant. Vous imaginez le calvaire que je vis avec ma famille depuis cette ténébreuse affaire ! J’ai attendu tout ce temps, en espérant que vous au moins, feriez jouer le principe sacro-saint de la solidarité de bagne pour vous souvenir de ce que la vie d’un innocent venait d’être détruite et sa dignité bafouée, etc. Que nenni.
Pourtant, que de milliards de francs n’avez vous pas distribué à droite et à gauche, en haut et en bas en passant par le centre, dans les sens contraires, pour un résultat mitigé. A quoi devrais-je m’attendre ? D’autant plus qu’en prison, vous n’avez jamais manifesté la moindre compassion à mon égard, au point de ne même jamais daigner me saluer pendant les six (6) mois de nos calvaires communs. Oui, Kablan N’Zi et bien d’autres profiteurs vous aveuglaient pour ne rien voir, rien entendre et rien faire. L’avenir nous situera tous un jour. En raison des conséquences dramatiques de cette affaire sur ma vie et tenant compte du fait que je rends Trafigura responsable de mon infortune actuelle, j’ai décidé de recourir à des Conseils juridiques, pour traduire votre Groupe en justice. Avec les moyens dont dispose Trafigura, vous bloquerez la procédure. J’en suis conscient. Mais, je sais aussi les raisons qui me poussent à ce que justice me soit rendue et que ma dignité bafouée soit restaurée, le traumatisme causé à ma famille soit réparé. La grandeur d’un homme se mesure dans sa capacité à comprendre les choses, même à demi-mots et y apporter les solutions idoines, sans regarder aux conditions des opprimés. Je vous en informe par solidarité de bagne et je crois en votre grande intelligence pour traiter mon cas, non pas dans la passion, mais avec lucidité et raison.
Salutations distinguées »
Source Le Mandat
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