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22 ans près son décès/Le père Agnigori Hyppolite « la figure emblématique de Houphouet Boigny ne doit pas disparaître de notre mémoire… » #civ


– Un ancien de la FESCI raconte la rencontre historique avec Houphouët

Bédié à la cérémonie.Ph.Dr

Bédié à la cérémonie.Ph.Dr

Abidjan, 08-12-15 (lepointsur.com)-Pour commémorer l’an 22 du décès du père fondateur de la Côte d’Ivoire moderne, à l’initiative du mouvement des initiatives pour le soutien à la réunification du PDCI-RDA une messe d’action de grâce a été célébrée à la paroisse Saint-Jean de Cocody lundi 07 décembre 2015 en présence du président Henri Konan Bédié, ainsi que de plusieurs personnalités de la grande famille politique des houphouetistes.

07 décembre 1993-07 décembre 2015 ; cela fait 22 ans que Dieu rappelait à lui le premier président de la Côte d’Ivoire, l’apôtre de la paix Houphouët  Boigny. A cet effet,  des élus et cadres du Pdci-Rda, regroupés au sein du Mouvement des initiatives pour le soutien à la réunification du Pdci-Rda  ont appelé  à une grande mobilisation et à une messe d’action de grâce en présence du président Henri Konan.

S’adressant aux personnalités politiques, administratives présents, le père Agnigori Hyppolite a dans son homélie  indiqué « nous ne sommes pas houphouétistes, si nous ne sommes pas pour la paix » pour rappeler aux Ivoiriens en général et à la grande famille politique de tous ceux et celles qui se réclament de l’houphouetisme de faire sien les idéaux du « Bélier » de Yamoussoukro. Car comme l’a rappelé le père Agnigori, Houphouët Boigny a lancé un dicton qui doit rester gravé dans la mémoire de tous. « La paix n’est pas un vain mot, c’est un comportement. »

Toujours, dans son homélie, l’homme de Dieu a souligné que la figure emblématique de Houphouët-Boigny ne doit pas disparaître de notre mémoire, ne peut s’effacer de notre mémoire…car, c’est avec cet homme que la Côte d’Ivoire s’est  fait une place sur l’échiquier international à travers la recherche de la paix. « En effet, cette quête de la paix de Félix Houphouët est marquée  par trois signatures : la basilique Notre Dame de la Paix, le prix international Félix Houphouët-Boigny pour la paix décerné par l’UNESCO, la fondation Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix ».

A l'égliseCette auguste messe d’action de grâce qui a  réunit  la grande famille politique du RHDP a été l’occasion pour les uns et les autres, non seulement de prier pour la mémoire de cet illustre personnage, apôtre infatigable de la paix, mais aussi et surtout un appel à ses héritiers pour préserver et pérenniser l’héritage qu’il a laissé. « Ce jour, est mémorable. Parce que pour nous qui nous réclamons de la philosophie de notre père,   Houphouët Boigny, notre souhait est de voir tous ses fils se retrouver à nouveau  pour pérenniser son œuvre, à savoir la recherche de la paix pour tous (…) Notre souhait, c’est  de voir le MFA, l’UDPCI, le RDR …à travers respectivement Azoumane Moutaye, Albert Mabri Toikeusse, Amadou Soumahoro et bien d’autres revenir à la maison » a indiqué le député-maire de Grand-Lahou, l’honorable Djaya Jean.

Plusieurs personnalités politiques ont pris part à cette messe d’action de grâce. Entre autres, le président Bédié, le Secrétaire général par intérim du RDR Amadou Soumahoro, Maurice Kacou Guikahué (SE du PDCI-RDA), Djaya Jean…

EKB

07 décembre 1993-07 décembre 2015/ Un ancien de la FESCI se rappelle

Il y a 22 ans

FELIX  HOUPHOUET  BOIGNY……For  ever

Jean Blé Guirao

Jean Blé Guirao

Malade  et souffrant  depuis  la nuit du vendredi 04 décembre 2015 dernier, je n’ai pas pu me rendre à la messe anniversaire de ce lundi 07 décembre 2015 à l’église Saint Jean de Cocody. En souvenir de l’illustre disparu, je vous invite à lire cet extrait de mon livre à paraitre

« Mes années Fescistes ou la prise de conscience d’une génération sacrifiée »

Mes deux dernières rencontres avec le Président

FELIX  HOUPHOUET  BOIGNY

« ………Nous sommes  en avril 1993, l’école Ivoirienne est paralysée au niveau du supérieur. A Bouaké, ils sont une vingtaine d’étudiants, tous membres et responsables de la FESCI qui sont arrêtés à la suite d’une grève pour le retard de paiement de bourses.

A Abidjan, dans toutes les cités Universitaires et sur le Campus, c’est la chasse à l’homme. Tous les rassemblements de la FESCI sont violemment dispersés par les hommes du Général GASTON OUASSENAN le tout puissant ministre de la sécurité. C’est dans cette atmosphère tendue qu’une dame (dont j’oublie le nom), Proviseur d’un lycée à DABOU  approche discrètement le Bureau Exécutif National  de la FESCI  pour nous dire qu’elle a pu obtenir une audience pour nous avec Féfal(comme on l’appelait dans notre jargon). Car toutes nos demandes d’audiences avec le Président HOUPHOUET étaient jusque là sans suite. Rdv pris pour le 04  avril 1993 à 18h à sa résidence.

Ce 04 avril 1993, nous étions 05  du BEN de la FESCI à aller pour la première fois devant « le crocodile de YAKRO »  afin de lui exposer de visu les nombreux problèmes qui minaient l’école Ivoirienne.

Outre le SG  National JOSEPH  AHIPEAUD  MARTIAL, il y avait DJUE  N’GORAN EUGENE 1er SGA, le Secrétaire  National aux Finances MIFOUGO YOUSSOUF DIARRASSOUBA, le Secrétaire  National à l’Education  MADE GUEU et bien sur moi-même, j’étais  Secrétaire  National à l’Organisation.

Le mot d’ordre est clair. On allait certes rencontrer le 1er des Ivoiriens mais nous devons lui donner la réalité de notre vécu quotidien qui faisait que les grèves se succédaient. Les étudiants soufraient trop. Ce jour du 04 avril 1993 nous étions tous en pantalon jean avec tee shorts ou chemises.

Arrivés à 18h moins et installés dans une grande pièce dans un silence de cathédrale brisé parfois par le long cri strident d’un paon dans le jardin d’à côté.

C’est à 19h que le vieux fit son entrée dans la salle avec sa démarche majestueuse et son sourire. Il était accompagné du commissaire DRISSA  TOE. Ses premiers mots « mes enfants, asseyons nous »   âpres nous avoir serré les mains, cela a  été comme une délivrance car une certaine panique avait commencé à s’emparer de nous. Pas question car nous étions porteurs du message de milliers d’élèves et d’étudiants dont les parents géniteurs avaient totalement démissionné. Nous étions nos propres parents et on s’appelait parent.

De 19h 10  à 23h,  le vieux et le commissaire nous ont écouté religieusement  sans réagir et sans écrire. Le vieux avec les yeux fermés et la tête balançant dans le pivotement de sa chaise royale. On a exposé les problèmes des cités U qui étaient en nombre insuffisant par rapport au nombre d’étudiants. Le nombre  de places dans les amphis, les problèmes de restauration avec le only for dog(uniquement pour chien) qu’on nous servait, les bourses qui étaient toujours payées en retard, le N’DAYA (l’aide de la 1ere Dame) qui ne prenait pas en compte tous les autre étudiants non boursiers,  les TD qui étaient assurés difficilement par manque d’appareil ou de labos dépassés, les problèmes de transport des étudiants où on proposait si la gratuité devait prendre fin, la somme de 3000f  par mois pour la carte SOTRA des étudiants des grandes écoles et de l’Université, les problèmes des étudiants de l’ENS, des facultés de médecine et de pharmacie par rapport aux différents stages de fin d’année.…..etc. construite pour 6000 étudiants notre Université comptait déjà plus de 20 000 étudiants avec des étudiants cambodgiens dormant à 05 voir 06 dans une chambre.

Le vieux nous a écouté et lorsqu’on a fini il a promis nous revoir pour nous apporter des réponses à notre long exposé. Il nous a invités à dîner. Ce à quoi  le SG AHIPEAUD a opposé un refus poli. Venus à pieds de Mermoz où nous attendaient  de milliers de camarades, nous y sommes repartis en courant vers eux, heureux d’avoir été reçu enfin par le Président de la République.  

 Ce n’est que le 10 avril 1993 que nous sommes informés de ce que le Président de la République recevait la même délégation le 11 avril 1993 à sa résidence à COCODY.

11 avril 1993….même délégation et même lieu. Mais cette fois ci,  l’attente fut moins longue.

La séance a effectivement commencé à 19h. Et sans papier le vieux accompagné du Commissaire DRISSA  TOE nous a rendu la monnaie comme il sait si bien le faire en parlant seul de 19h à 23h. La formation et l’éducation dans le monde entier avec des exemples précis en Amérique et en Europe. Dans le cas de l’Afrique, il a parlé de l’Afrique blanche avec ses nombreuses potentialités en gisement de pétrole,  les cas de l’éducation et de la formation dans l’Afrique noire anglophone et lusophone pour terminer sur l’Afrique noire francophone avec le cas particulier de la Côte d’Ivoire qui pour rattraper son retard faisait appel à des enseignants Dahoméens (aujourd’hui BENIN), Togolais et Sénégalais. Pour conclure que « malgré les problèmes, vous devez accepter de vous former car c’est vous notre avenir, c’est vous notre raison d’exister. Je n’ai jamais accepté qu’un ivoirien aille se faire humilier ailleurs. Lorsque nous aurons les  moyens de transformer par nous-mêmes, nos matières premières  en produits finis ou semi finis, nous aurons rattrapé les autres ».

Ensuite il nous a fait un court magistral d’histoire politique. De la naissance du  Syndicat Agricole Africain (SAA)  créé à Agboville en 1944, précisément dans les campements agricoles d’Anoma sur la voie d’Agboville-Tiassalé  à  la naissance du RDA au congrès de BAMAKO au MALI  en 1946, en passant par la lutte contre le travail forcé et la lutte pour les indépendances. « Lorsque j’avais votre âge, j’ai lutté pour défendre les causes de l’ensemble. On m’a toujours dit que vous étiez un parti politique financé par TRIPOLI  avec KADDAFFI  et par les Russes. J’ai compris avec nos échanges beaucoup de choses. J’irai en Europe mais je reviendrai  prendre d’importantes décisions pour le peuple de Côte d’Ivoire et son avenir que vous représentez »

 Hélas, milles fois hélas ce retour et ces décisions importantes n’auront pas lieu. Après plusieurs mois en Europe, le 07 décembre 1993, la nouvelle tomba. HOUPHOUET est décédé.

Le lendemain, réunis en AG Extraordinaire, le BEN et toutes les sections levèrent tous les différents mots, en mémoire de l’illustre disparu,  dans une déclaration intitulée « Nous venons de perdre notre véritable interlocuteur »

FELIX  HOUPHOUET  BOIGNY……For  ever

Extrait de mon livre à paraitre

Mes années Fescistes

Ou la prise de conscience d’une génération sacrifiée

JEAN  BLE GUIRAO DEBADEA

Ancien  SG  de la FESCI

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